Amitié, exclusivité, besoin, demander de l’aide : quand ta thérapie te permet de laisser tomber ta dernière armure

sunrise-1983740_1920.jpgMa journée a été compliquée. Depuis plusieurs semaines, je ne me sens pas très bien. Je me sens seule, à fleur de peau, j’ai peur.

Aujourd’hui, j’ai vu ma thérapeute. Je pensais honnêtement que la discussion allait être telle que je la pensais. Que nous allions parler de mes peurs et aussi de mes sentiments à fleur de peau. Finalement, je pensais contrôler la séance. Mais, je suis une patiente active dans sa thérapie. Même lorsque je perds le contrôle, je ne cherche pas à le reprendre, je laisse aller et je me laisse guider où j’en ai le besoin.

Nous avons entre autre parlé d’un événement qui m’a profondément marqué, troublé et rendu triste. Mes amies sont assez disséminées. Deux d’entre elles sont venues sur Nantes pour les vacances scolaires mais je n’en ai vu aucune. Je me suis sentie si seule, si laissée de côté. Je n’ai pas compris. Pas compris qu’elles n’aient pas pris de temps pour me voir. Je me suis sentie rejetée, sans importance. Cela m’a littéralement mise à plat.

Je pensais que le fait d’être si touchée était liée à ma peur de l’abandon et aussi à mon sentiment d’être si peu intéressante. Et puis d’une conversation qui me semblait si anodine lors de ma thérapie, finalement ça a été plus profond.

Les larmes sont sorties, mon armure s’est abaissée, j’ai déposé les armes. Et cela a permis une prise de conscience.

Bien sûr, je suis solitaire et je me sens seule. Mais je ne suis pas seule. C’est ma manière d’aborder la solitude et ma relation aux autres qui me donne cette impression.

Je ne laisse que peu de personne entrer dans mon intimité et ce depuis des années. Peu de gens entrent chez moi, me voient « à nu ». Et souvent, c’est lié à une sorte d’exclusivité. Ce que je veux dire, c’est que les personnes que je rencontre ne sont pas des groupes de personne. C’est à chaque fois une personne après l’autre. La nouveauté à Nantes a été ce groupe de jeunes femmes exceptionnelles que j’ai rencontré. Elles sont à la fois unique et à la fois un groupe. Mais cette notion d’exclusivité reste ancrée en moi, sans que j’en ai vraiment conscience (jusqu’à aujourd’hui). Et oui, une partie de moi attend en retour cette exclusivité. Alors, quand ces personnes « choisissent » d’autres personnes, ou même de faire autre chose, pour sortir, pour parler, ou simplement pour se faire du bien, pour répondre à leur besoin, cela me met mal. J’ai l’impression d’être rejetée, de n’être pas si importante, et de ne pas faire partie de leur besoin, quoi que ces personnes me disent. Mais ce sont mes peurs qui disent ça. En quoi passer du temps avec quelqu’un ou à faire autre chose plutôt qu’être avec moi serait un gage de désintérêt ? Je ne suis pas en compétition avec les autres. Ceux qui me connaissent le savent, je ne suis jamais en compétition. Je n’essaye pas d’être la meilleure, je n’essaye pas d’être unique, je n’essaye pas de sortir du lot. Et pourtant… et pourtant, je veux être au centre, je veux être celle qu’on appelle quand on a envie de parler, je veux être celle avec qui on prend le temps de passer du temps. Parce que cela comble ma solitude, le vide qui m’entoure. Je ne veux pas cela pour être la meilleure ou être le centre de l’attention. Je le veux, je l’attends parce que cela me rassure, parce que cela répond à cette exclusivité que j’offre à l’autre. Cela me montre que « oui, je suis quelqu’un dont on apprécie la compagnie », que « non, je ne suis pas insignifiante » et que « oui, cette solitude (même si elle semble sans fin), n’est qu’une parenthèse dans ma vie ».

Cette exclusivité et cette protection que j’ai bâti autour de moi remonte à très loin. Cela remonte à mon seul amour. Je l’ai quitté parce que je sentais que j’avais besoin de vivre pour moi. Mais je pense aussi que je l’ai quitté parce qu’il ne m’a pas choisi.

Moi qui suis la première à dire à l’autre de faire ce dont il a besoin, de ne pas penser à l’autre. Qu’il faut être égoïste avec soi parce que c’est ainsi qu’on pourra être généreux avec l’autre.

Mais voilà, moi je ne sais pas le faire. En fait, je ne sais pas quels sont mes besoins. Je ne sais pas ce qui me fait du bien. Parce que depuis mon enfance je réponds aux attentes de l’autre avant même qu’il ne le formule. Mais cela a eu pour conséquences de ne pas savoir ce qui me fait du bien, ce dont j’ai besoin. Je ne sais pas m’écouter.

Et me voilà dans cette incertitude, parce qu’à la fois je me construits, je sais qui je suis, où je vais, et en même temps, je ne sais pas m’écouter et entendre mes besoins. Et il y a cette douleur de la solitude. Elle enveloppe mon coeur de froid.

Et je me protège depuis si longtemps. Me montrer à nu, laisser émerger ma fragilité. C’est si inhabituel pour moi qui fais tout toute seule. Moi qui ne sais demander de l’aide.

Parce que finalement, cela vient aussi de là. Je ne dis pas aux autres quand j’ai besoin d’eux, que j’ai juste besoin d’être écoutée, que j’ai juste besoin de leur présence, que je me sens seule. Et demander de l’aide, je ne le fais jamais. L’univers m’en a fait prendre conscience la semaine dernière déjà. Pour deux choses très anodines : fermer une fenêtre et récupérer un classeur qui était tombé derrière un meuble. Ma thérapeute m’a fait comprendre qu’en ne demandant pas d’aide (que ce soit récupérer un classeur ou simplement m’écouter), je fais passer les autres pour insignifiants, qu’ils sont sans importance pour moi. Alors que mon message est tout le contraire. Le message est que je fais tellement attention à eux que je ne veux pas les déranger. Pour des choses plus ou moins anodines. Moi qui pensais qu’en étant indépendante, je ne dérangeais ainsi personne et je permettais ainsi à l’autre de s’exprimer, finalement je faisais passer le message inverse : je n’ai pas besoin de vous. Alors que j’en ai besoin. Ils sont mon équilibre.

En prenant conscience aujourd’hui de tout cela, je sens que j’ai ouvert une nouvelle porte. Et qu’une nouvelle dynamique est en cours, un nouveau cycle.

Mais aujourd’hui, je suis au fond d’un puits, d’un puits extrêmement profond. Il va me falloir un peu de temps pour remonter.

Et je dois surtout faire attention à ne pas reproduire les mêmes schémas, et à laisser s’exprimer mes besoins, mes peurs. Et à ne plus remettre mon armure. Cela va prendre du temps.

– J’avoue, je réfléchis à comment finir cet article. Je ne sais comment le finir. Alors, je vais prendre le temps. Je vais m’écouter. Comprendre les schémas que j’ai reproduit. Et bien sûr vous faire partager mes avancées, mes lectures, mes joies et mes peines. Quelle nouvelle année qui débute si intensément. –

6 Replies to “Amitié, exclusivité, besoin, demander de l’aide : quand ta thérapie te permet de laisser tomber ta dernière armure”

  1. « Le vide qui m’entoure »…. n’est-ce pas plutôt le vide qui « m’emplit » avec ces sortes de murailles édifiées pour se protéger et qui finissent par enfermer…? Et isoler pour le coup, isoler des autres et s’isoler au final soi-même….

    j’arrive sur ce billet au hasard des clics et dans le petit matin, dans l’aube depuis les Pyrénées….

    Aimé par 1 personne

  2. Je suis une personne, être humain comme vous qui ai connu certains affres liés à cette impression de vacuité de l’être et qui peut vous confirmer la Réalité de de vide, tout autant que la Réalité de la réalisation de soi par une libération de ces enfermements, merci pour votre retour qui me touche,

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