Ode à mon ostéopathe (vol.2) : entre écoute, bienveillance et bousculement

Hier j’avais rendez-vous chez mon ostéopathe. J’avais pris ce rendez-vous il y a bien un mois où vraiment mon corps avait besoin d’aide tellement il était bloqué.

Mais voilà, hier, c’était d’une autre aide dont j’avais besoin. Depuis la séance de septembre (lire mon article Ode à mon ostéopathe), ma sensibilité, ma fragilité était à fleur de peau et cherchait à s’exprimer librement. Doucement, mais sûrement, elle a pris sa place. Et s’exprime au moment où elle le souhaite. J’avoue que pour moi, c’est assez compliqué ce nouvel équilibre. Me retrouver à pleurer devant Pocahontas, j’avoue que je me demande ce qui ne tourne pas rond (oui oui, je sais, où est ma bienveillance ?). Et puis depuis décembre, c’est compliqué pour moi. Je me sens plutôt mal. Je ressens que les dernières barrières, celles qui me permettaient de me protéger de cette fragilité que je n’arrive pas à contrôler, se sont détruites. Et je sais que c’est une excellente chose.Mais je suis à la fois déstabilisée car perdre le contrôle est vraiment un excellent bouleversement pour moi, et en même temps je me sens si libérée, si légère. Un bonheur. Ce qui n’empêche que depuis décembre, je ne me sens pas bien. Je pleure beaucoup, et notamment sur ma solitude.

Je ne supporte plus le silence de mon appart, le lit froid, le fait de tout faire toute seule : cuisiner, regarder des films, aller au cinéma, faire les courses, faire la lessive/le ménage, bref tout. Je surdose. Ma thérapeute m’avait déjà proposé de changer mon regard sur cette situation. D’au lieu de voir tout en noir, de voir tout le positif de cette situation. Je n’y arrive (ou plutôt arrivais) pas.

J’arrive donc à ma séance d’ostéopathie et mon soignant me demande comment je vais. Et je me mets à  nue. C’est tellement inhabituel pour moi. D’avoir osé dire « non, ça ne va pas », de laisser mes larmes couler. De ne plus avoir le contrôle. C’est vraiment, jusqu’à maintenant, une attitude qui me semblait impossible. Je suis toujours dans la séduction et donc le contrôle. Mes larmes, peu de personnes les ont vu. Elles sont intimes. Et puis, bon vive la sexytude (je suis la première à trouver la fragilité beau voire sexy. Mais comme toujours, sur moi, cela me semble si en décalage). Mais ni son attitude, ni son regard n’a changé (pourquoi cela aurait-il été le cas ?). Cela m’a rassuré et j’ai continué à me laisser aller et je me suis confiée.

Outre, son écoute, ce que j’ai apprécié (après coup) est qu’il ait posé une question qui m’a bousculé. Cette question, pensée m’a déjà traversé, mais à laquelle je refusais jusqu’à maintenant de me confronter. Il m’a demandé : « et si tu étais faite pour être seule ? ». Bien, sûr ma première réaction a été horrifiée, main sur le coeur : « oh non, tu rigoles, ce serait horrible ! ». Mais pourquoi serait-ce si horrible ? Une partie de moi le pense parce que je suis pétrie de mon éducation et aussi de la société : être en couple, fonder une famille. C’est une sorte d’attente de la vie. Et du coup, une partie de moi se dit : « mais si je suis faite pour être seule, comment vais-je construire ? » Cela demande de changer complètement ses croyances et son regard sur la vie. Pour l’instant, je pense que cette pensée va croître dans mon inconscient qui y réfléchira à son rythme. Mais dans le rejet de cette question, il y a aussi la femme que je suis qui aimerais avoir droit à ces regards de tendresse, de connivence, ce partage de la vie commune, être unique dans l’œil de l’autre. Et si j’accepte cet aspect de la vie, c’est aussi tirer un trait sur ce que je trouve merveilleux dans cette vie à deux. Mais peut-être n’est-ce pas : avoir ça et tirer un trait sur… C’est une vision bien manichéenne. Il est possible d’avoir le tout, dans un nouvel équilibre. A moi, de le trouver cet équilibre.

Il m’a également fait une remarque qui m’a bousculé  : « en fait, tu te plains ». Ma fierté en a pris un coup : « moi, me plaindre ? Cela fait 11 ans que je suis célibataire, je peux bien me plaindre non ? » En plus, j’avoue que je me trouvais dans mon bon droit. Il n’y avait aucune critique dans sa remarque, ni même de jugement. Seulement un fait. Pour lui aussi, je dois essayer de changer mon regard. Voir la beauté, la chance de ma vie. M’émerveiller chaque jour de ma vie, en le ressentant au plus profond de moi. Et de retour chez moi, après réflexion, je me suis bien rendue compte de la justesse de sa remarque. J’étais en train de me plaindre de ma solitude, en pleurant (mes larmes étaient sincères). Mes yeux étaient obscurcis. En rentrant, j’ai essayé de « lister » les bienfaits de ma vie. Étonnamment, aujourd’hui, je me suis sentie plus légère et un sourire envahissait mon visage.

Alors merci à toi. Bien que tu n’es touché mon corps, tu as touché mon âme. En l’écoutant sans jugement, avec bienveillance, sans pour autant être dans la complaisance. J’ai aimé être interpellée quand je m’égarais dans ma fierté ou me complaisais dans ma peine. Je trouve que ces échanges sont bien plus formateurs, me font grandir. En me soignant autrement (pourtant tu avais l’impression de ne pouvoir m’aider), tu m’as éclairé à nouveau.

10 Replies to “Ode à mon ostéopathe (vol.2) : entre écoute, bienveillance et bousculement”

  1. Belle vision éclairée et bienveillante de soi-même, dans un effet miroir opportun semble-t-il,
    bon, comme vous pouvez le constatez, je me promène chez vous d’un clic à un autre de la pulpe de l’index… Je vais faire une pause,

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      1. C’est un beau chemin sur lequel on découvre beaucoup, de soi-même et du monde, tant pour le corps que pour l’esprit, il est un véritable travail oui, que celui de s’affranchir d’une éducation, d’une culture, de stéréotypes, de conditionnements multiples et variés, c’est un travail sur soi magnifique, qui en revient à trouver des équilibres toujours fragiles, mais si pour certains conduisent à la réalisation de soi, et c’est tout sauf une illusion…

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    1. Ce qui est soi-disant stable l’est il vraiment… et puis l’équilibre n’est qu’un savant jeu de forces qui s’harmonisent suivant ce que l’on en fait et de comment on décide de les utiliser… c’est un peu un apprend-tissage permanent et la culture et sa connaissance procure pas mal d’outils disponibles à chacun et que, un peu comme dans un jeu il est permis de trouver…

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