J’ai peur d’aimer.
Paradoxalement j’aime. J’aime le matin me réveiller et rester dans mon lit lire, j’aime rire, j’aime aller au cinéma, j’aime mes séances de poterie, j’aime échanger sur divers sujets avec des inconnus, j’aime cuisiner, j’aime passer des moments avec mes amies où nous partageons l’amour de la nourriture, des rires, des discussions,… j’aime la vie. J’aime, tout simplement.
Mais aimer ou être aimé par l’autre, là est la problématique.
Oh, ne vous méprenez pas, j’aime ma famille. J’ai également la chance d’être entourée de merveilleuses amies (oui actuellement il n’y a que des femmes) et d’être bien entourée. Et de les aimer. Et je pense d’être aimée en retour.
Mais voilà aimer l’autre (homme ou femme) et en être aimé en retour, je le comprends aujourd’hui, j’en ai peur. Et cela me paralyse. Et pour me protéger de ce que je ressens comme une « agression », de ce sentiment du « on m’a-graisse » je me suis entourée de « ma graisse ». Pour me protéger de l’autre qui pourrait m’aimer j’ai modifié mon apparence en rendant concret mon mal-être et mon armure. Parce qu’on peut dire ce que l’on veut mais le physique est le premier lien à l’autre. C’est la première image que l’on aura de l’autre. Et bien que j’ai « un très joli visage », que je sois plutôt féminine (parce que cela me plait et non dans le désir de plaire), mon corps est une muraille qui me maintient enfermée.
Aimer l’autre, c’est ne plus porter d’artifice. C’est laissé à l’autre la possibilité de voir notre vulnérabilité. Et ça j’ai beaucoup de difficulté. Parce que je me dis que si l’autre voit ma vulnérabilité, il va se dire que je suis fausse. Et bien oui cette femme indépendante, sûre d’elle est aussi fragile et a aussi besoin d’aide. A ce jour, je n’arrive pas à rendre cela harmonieux, à y trouver un équilibre. Je n’ai qu’une vision manichéenne (alors que je ne l’ai pas du tout pour les autres).
Mais en faisant le choix de me fermer à l’amour, je ne laisse à l’autre aucun choix. Je contrôle. Et je me rends compte que c’est pourtant tout le contraire que je défends. Le libre-arbitre de l’autre. Ce n’est pas parce qu’il ne nous choisit pas que cela veut dire qu’il nous rejette. Intellectuellement, je le conçois parfaitement. Mais le ressentir au plus profond de mon cœur c’est encore difficile.
Et à être possédée par cette peur d’aimer, cela me rend d’autant plus vulnérable. Cela ressemble vraiment à un cercle vicieux 🙂
Pour mes amies aussi je me rends compte que pour elle c’est compliqué. Car avant de leur montrer ma vulnérabilité, il leur a fallu du temps. Heureusement elles ont toutes fait preuve de patience et ne sont même pas enfuies. Elles sont une vraie source d’amour, de bien-être et de soutien.
Et elles me rassurent aussi. Certes elles sont mes amies, mais si mes amies m’aiment telle que je suis, avec mes doutes, ma manie du contrôle, ma vulnérabilité, pourquoi ne m’aimerait-on pas ? Pourquoi ne m’aimerai-je pas ?
[Rajout]
J’ai laissé l’article publié infuser en moi et je me suis rendue compte que j’en avais oublié une partie.
Vous savez aussi pourquoi j’ai peur d’aimer et d’être aimé ? Parce que pour ceux que j’aime, je ressens colère, jalousie, tristesse, abandon. Des sentiments extrêmes de souffrance. Et je me dis comment vais-je faire avec l’autre ? Comment trouver un équilibre entre ces sentiments et mon amour pour l’autre ? Je n’ai pas la réponse à la question et cela me fait peur. Et en même temps, je sais qu’un équilibre est possible. Je le vois chaque jour. Mais j’avoue avoir très peur de l’expérimenter. Vraiment peur…
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