La frontière entre contrôle et domination est assez ténue. Pour moi-même, ce n’était pas toujours clair. Mais un échange ce week-end m’a vraiment fait comprendre la différence.
Je suis une personne qui contrôle. Je contrôle mes sentiments, je contrôle ce que je montre au moment où je le montre, je contrôle même qui je suis. Ce contrôle me rassure et est effectivement une sorte de protection (et aussi de prison, qui se fissure de plus en plus – je vous invite à lire mon article sur la Vulnérabilité).
Mais je ne domine pas. Je ne me sens pas supérieure à l’autre, je n’écrase pas l’autre. Je lui laisse liberté de suivre mon contrôle ou pas. Et mon empathie fait que je suis très attentive à l’autre. De plus, lors de mes échanges, je me livre telle que je suis. Pourquoi dominer l’autre ? Qu’est-ce que cela pourrait m’apporter ?
Et je me suis rendue compte dernièrement que j’ai tendance à attirer des hommes (et là je ne parle pas de potentielles histoires romantiques. Même si, soyons complètement honnête, quand je « creusais » ces échanges/relations je découvrais une attente « amoureuse » chez l’autre. Que je n’avais pas perçu initialement. Je le comprenais par la suite à travers certaines formulations, tournures de phrases qu’ils utilisaient) qui vont chercher ou qui vont tout simplement me dominer. Au départ, ces hommes échangent avec moi sur mes thèmes de prédilections : la lecture, l’art, le bien-être,… Très souvent, au départ, nos conversations sont riches, instructives, intéressantes. Et je l’avoue créent une sorte d’addiction chez moi car intellectuellement elles me nourrissaient. Mais très rapidement, l’homme va vouloir prendre le pas sur moi. Ou plutôt, il va prendre le pas sur moi. Me dominer.
Il va créer une attente. Souvent en mettant en suspens une conversation. Et j’aime comprendre. J’ai énormément de mal à rester dans l’incompréhension. Et ainsi, l’homme qui échange avec moi le comprend assez rapidement. Et ainsi va suspendre nos conversations et me mettre dans une situation d’attente (voir mon article Attente où j’explique en quoi l’attente fait partie de ma personnalité). Et me mettre ainsi dans une situation inconfortable de contrôle et de domination.
Ou alors (et je pense que lorsqu’on échange avec moi, que ce soit à l’écrit ou en face à face, on se rend vite compte que j’aime échanger sans aucune limite (de temps ou de mots)) ne va plus échanger. C’est-à-dire qu’il va appauvrir la conversation, me répondre par monosyllabe et ainsi me laisser là encore dans une situation en suspens. Et ainsi être à nouveau dans une domination sur moi.
Et jusqu’à ce week-end, je maintenais ces échanges nocifs. Je pourrais même dire que je les nourrissais. Attention, en aucun cas, je ne dis ici que ce qui se passe n’est de ma faute. En fait, en « participant » contre ma volonté (c’était comme une sorte de dépendance, je n’avais jamais la main sur ces échanges), cela créait un mal-être chez moi et rendait tangible la douleur que je ressentais. Ma tristesse, ma colère, tous ces sentiments que je ne sais pas toujours gérer, qui sont enfouis en moi, j’ai besoin de les rendre tangible. D’où un rapport à la nourriture particulier (ce sera l’objet d’un futur article) et une tendance à attirer vers moi des relations nocives qui, en me mettant mal, me permettent de rendre tangible ces sentiments que je ne sais gérer.
Mais voilà, comme toujours chez moi, au moment où je m’en rends compte, je ne peux plus l’accepter.
Alors ce week-end j’ai mis fin à la relation toxique qui était dans ma vie actuellement. Très rapidement j’ai senti que cette relation serait toxique. Elle m’envahissait : concrètement dans la conversation en m’envoyant des photos que je ne voulais pas (rien de sexuel) et aussi dans ma vie puisque presque tous les jours cette personne m’écrivait. Cela créait comme une addiction et aussi une impossibilité « d’oubli » (même de quelques jours). Je veux dire mes amis intimes, je ne les oublie pas, mais je ne leur écris pas chaque jour. Cet « oubli » permet d’apprécier aussi intensément nos « retrouvailles ». Mais la conversation s’est délitée, au point d’être au point mort à un moment (de son fait, bien sûr) et lorsqu’elle a repris est devenue monosyllabique. Alors, cela a été une évidence. Je ne pouvais continuer ces échanges. Cela n’avait aucun sens pour moi. Et vu que je laisse ma vulnérabilité s’exprimer de plus en plus, je n’ai plus besoin d’une sorte de personnification de ma douleur.
Je remercie l’univers de mettre sur mon chemin de nouvelles rencontres qui me permettent de comprendre, de m’améliorer et de prendre du recul. Et aussi d’apprécier les changements que j’ai réussi à instaurer dans ma vie et le chemin qu’il me reste encore à parcourir.
Parce que je sais qu’il reste un risque que je retombe dans ces échanges nocifs. Surtout qu’au départ, ces échanges me nourrissent puisqu’ils sont riches intellectuellement.
Mais je vais écouter mon intuition et m’écouter intimement. Et je verrais ce que l’univers va poser sur mon chemin 🙂
Disons que oui, à contrôler on dresse un à un ces check point pour filtrer tout ce qui passe, résultat, à moins de vouloir s’enfermer (se retrouver) dans un univers de check points entourés eux même de murailles, de réserves et de limites, on choisis vite les Grands Espaces et la Liberté, enfin, cela semble assez naturel, au prime abord….
Dans un Dia-Logue, il s’agit d’être à minima deux, non….?
Les échanges sur la lecture, l’art, le bien-être, etc. c’est passionnant! cela permet généralement de s’ouvrir et d’ouvrir le champs des possibles en termes d’affinités, mais effectivement si chaque champ fait l’objet d’une prise de pouvoir par un contrôle (cf. le check point!) à chaque entrée de dialogue, je comprend l’issue par onomatopées (-Vos Papiers!-: « Tenez, les voilà! » -Le formulaire E7543, vous n’êtes pas autorisé à entre dans ce champ là….-)
Bon appétit!
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Je ne parle pas du tout de contrôle dans l’idée de dresser un « check-point » et de « filtrer tout ce qui passe ». Je parle d’un contrôle de moi et non de l’autre.
Non, la « Liberté », les « Grands Espaces » ne sont pas si naturels. L’illimité peut faire peur, être angoissant, ne pas nous parler pour plein de raisons. Qu’ici je ne questionne pas…
Euh, nous pouvons être seul avec nous-même dans un dia-logue… Néanmoins, dans le rapport de domination il faut en effet être deux….
C’est ce que j’essaye d’exprimer dans mon article et je ne suis pas sûre que vous l’ayez perçu. Certes les échanges sur la lecture, l’art, le bien-être, etc, sont passionnant et effectivement permettent une ouverture. Mais cette ouverture sur moi offre à l’autre un contrôle, une domination sur moi. Et il n’est pas question de check-point là encore.
Et l’onomatopée vient de l’autre qui exerce ainsi sa domination. Non de moi. Pour une raison très simple. Ma vie je la dirige à travers une maxime : « ne fais pas à l’autre ce que tu n’aimerais pas que l’on te fasse ». Je ne souhaite à personne de vivre ce que je vis dans ces rapports de domination où je suis mise en souffrance par des réponses monosyllabiques, en onomatopées, là où moi j’écris des phrases complètes (au minimum avec un sujet, un verbe, un complément). Je ne le fais donc pas. C’est l’autre qui prend ainsi le pouvoir.
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