
Je mesure 1m54 et je pèse aux alentours de 90kg. Je suis donc considérée comme obèse. Je serais en obésité sévère voire morbide (je ne sais pas vous, mais je trouve ce terme morbide assez violent).
Bien que j’ai du mal à accepter mon corps, j’apprends à l’aimer et à en voir son potentiel. Je suis bien proportionnée. Mon corps a une forme de sablier (sans la taille ultra fine ;-)), j’ai un magnifique décolleté. J’ai un joli visage (alors oui s’entendre dire : « c’est dommage, tu as pourtant un si joli visage » (comme si quand on est grosse on doit être/on est moche) ce n’est pas des plus agréables mais là c’est moi qui affirme que mon visage est joli). Vraiment j’aime mes yeux en amande, mon petit nez et ma jolie bouche pulpeuse. J’ai aussi de jolies mains et de très beaux pieds.
Mais voilà je suis obèse. Je me suis toujours vue comme je suis aujourd’hui. Hors avant je pesais 30kg de moins. J’ai appris que cela s’appelait la dysmorphie. Aujourd’hui, je suis consciente de mon corps, de sa forme, de sa place, de ses proportions. J’apprends à le mettre en valeur. L’un des premiers problèmes est de trouver à s’habiller. Et c’est très compliqué. La majorité des vêtements qui sont en taille size+ ne mettent pas spécialement en valeur : beaucoup de noir ou de tons sombres, des matières amples. Certes mon corps est gros, pour autant le cacher ne va pas aider non plus. Aujourd’hui j’arrive pourtant à trouver des pièces féminines (parce que j’aime être féminine), près du corps. Je trouve également de belles robes avec des couleurs lumineuses qui épousent mes formes sans pour autant les grossir ou les planquer. Mais j’ai beaucoup de difficultés à trouver des pantalons ou des jupes par exemple. Et bien que j’arrive à trouver de belles pièces, si vous saviez le nombre de vêtements que je dois essayer avant de trouver ce qui me va. Alors, en général, je fais une razzia dans les sous vêtements. Ainsi je prends plaisir à me déshabiller, à porter sur moi de la jolie lingerie et le soir je savoure le moment où je me déshabille. Et même quand ma tenue extérieure ne me plaît pas, au moins je sais qu’en dessous, j’apprécie ce que je porte.
Mais pour moi, être obèse cela veut dire que je suis souffrance. La majorité du temps, j’avoue que ce n’est pas le cas. Mon travail est sédentaire, je suis assise toute la journée. Les quelques pas que je fais sont pour aller à la photocopieuse ou à la machine à café. Et quand je suis à mon appartement, je ne fais pas non plus beaucoup de pas. Mais parfois, je sors me balader en ville (seule ou avec des ami.es), je fais une balade en forêt (souvent en famille), je vais à un concert où je dois être debout,… bref je fais un effort plus intense. Et là, mon corps devient souffrance. Mes articulations ont mal, mes pieds ressentent le poids de mon corps, mes muscles se tétanisent car ils n’ont pas l’habitude d’un effort intense. Et alors, je n’arrive plus à apprécier les moments que je passe : cette balade en famille qui effectivement devrait m’être agréable car sous les arbres et dans un paysage qui change, ces moments de rire et de partage avec mes ami.es,… Mais je n’arrive pas à les vivre. Mon esprit est totalement anesthésié par cette souffrance intense qu’il endure qui me pompe toute mon énergie. Et cela m’attriste vraiment. Et si vous saviez à quel point les phrases telles que : « au moins tu as changé d’air », « c’était bien cette balade »,… n’ont plus aucun sens pour moi car la douleur est tellement intense que plus de la moitié de mon attention est accaparée par le mal que je ressens. Mais lorsque j’en parle, les retours vont d’une certaine bienveillance : « il faut que tu prennes soin de toi, tu devrais perdre du poids » à « en même temps, tu ne peux pas t’accepter ainsi. Tu n’as qu’à perdre tes kilos. Ce n’est qu’une question de volonté. »
Mais c’est bien plus qu’une question de volonté. Je mange assez équilibré dans l’ensemble, même si parfois je me laisse aller. Je grignote peu, mange peu de sucrerie,… En fait, c’est un poids qui s’est accumulé petit à petit. Insidieusement. Quand je me voyais bien plus grosse que je ne l’étais. Et j’avoue, je déteste avoir faim. Or pour pouvoir perdre du poids, il va falloir que je réduise mon estomac. Et donc avoir faim pendant un temps défini. Et à ce jour, je n’en ai pas encore la volonté. Ce poids est également psychologique. Il est la matérialisation de tout ce que j’accumule : mes peurs, les attentes des autres, mes douleurs, je pense également le poids de l’héritage familial,… Il est aussi une protection. Et tout cela pèse lourd, très lourd.
Alors aujourd’hui, maigrir n’a pas de sens. Par contre, apprendre à aimer mon corps, à être bien et en harmonie avec lui, en prendre soin (et cela va passer par me mettre plus régulièrement en mouvement), pour moi ce sont des objectifs qui ont bien plus de sens que de simplement dire : je vais perdre du poids. Je ne me mets pas non plus la pression avec des objectifs de temps précis. L’idée est justement d’être dans la bienveillance et l’écoute. Et j’espère que par ce respect, par l’amour que je vais offrir à mon corps, la douleur sera moins intense et ne prendra plus le pas sur les bons moments que je partage avec ceux que j’apprécie et aime.
Ha! La douleur d’exister et d’être Incar-Né….
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Bonjour, j’aimais beaucoup l’article suivant, qui a disparu, sur la solitude.
Il était délicat et touchant.
Bonne journée.
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Bonjour,
Il a été publié trop tôt. Il réapparaîtra demain.
Merci pour vos mots.
Belle fin de journée
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Bonjour, je comprends tout a fait ce que vous vivez, j’ai tellement l’impression d’entendre mon histoire, je me suis toujours senti grosse alors qu’il y a 11 ans je ne l’étais pas du tout, j’étais même canon, mais je ne le voyais pas!! Et au fil du temps j’ai vraiment pris ces kilos! Il y a quelque temps j’ai pris conscience de qui j’étais et comment j’étais vraiment et j’ai décidé de changer de vie, de prendre soin de moi avant de prendre soin des autres! Bonne journée à vous!
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Bonsoir à vous 🙂
Merci pour votre agréable commentaire qui effectivement résonne.
Prendre soi demande parfois plus de travail que prendre soin des autres. Sûrement par facilité, j’ai tendance à préférer les autres que moi 🙂
Mais un pas après l’autre, j’apprends.
Belle soirée et à bientôt
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