Je pensais être définie par deux émotions : l’amour et la colère. Excessives les deux, intenses les deux. Très souvent en montagnes russes par conséquent. Certes j’exagère mais pas tant que cela. Les émotions que je ressentais étaient sans nuance. Tout était noir ou blanc. En même temps, étant assez déconnectée de mon corps, le fait de ressentir des émotions très intenses semblait logique. Et puis passe le premier degré de la formation de sophrologie. Je me reconnecte à mon corps, j’écoute ses chuchotements. Il n’a plus besoin de crier pour que je l’entende. Et qu’on passe au deuxième ou troisième degré ne change rien. Le travail de connexion à mon corps se poursuit.
Arrive le module au Château d’Olonne et la séance : dialogue avec les quatre personnages. Première prise de conscience : malgré une reconnexion à mon corps, il me manque quelque chose. En effet, le personne qui apparaît pour symboliser mon corps est un être humanoïde, plutôt de genre de masculin, transparent. Deuxième confirmation : mes émotions sont sans limite. Elles sont symbolisées par une géante dont je ne vois que les mollets tellement elle est immense. Ce qui est très intéressant c’est la différence entre leur entrée et leur départ. Quand on se rencontre, je me sens un peu gauche. Mon corps aimerait se faire encore plus transparent, mes émotions prennent tellement de place qu’elles n’arrivent même pas à communiquer. Mais lorsqu’il est temps de les laisser partir, je prends naturellement et avec un vrai sentiment de partage et de connexion mon corps dans mes bras. Et il sourit. Et mes émotions, étrangement, disparaissent en même temps que mon corps. Comme si finalement un lien s’était créé pendant cette rencontre. Les jours, les semaines continuent de passer. Je parle très souvent autour de moi de cette séance de la rencontre des quatre personnages que je trouve très intéressante. (Entre parenthèse, ce qui est aussi très marquant, c’est qu’en relisant la phéno-description de cette séance, je me rends compte à quel point je la trouve pauvre, à quel point je ne retrouve pas ce que j’ai vécu. Ce qui n’est pas le cas quand je la raconte, énormément d’émotions passent en moi, ou quand je l’écris là pour ce mémoire). Et puis arrive le mois d’octobre et là quelque chose se passe. Je ne suis qu’émotions. Mais pas comme avant. C’est plutôt comme si mes émotions s’exprimaient de manière complète. Cela a commencé par la colère. Elle explosait de partout et j’avais l’impression de ne pas pouvoir la contenir. Et elle s’exprimait pleinement dans mon corps. Ça a été une période très libératrice, de ressentir toutes les nuances de la colère, du plus petit agacement à presque la haine. Et mon corps suivait les modulations de ma colère. Ce qui fait qu’elle ne s’est pas engrammée en moi. Ce qui s’est engrammé c’est la connexion entre mon émotion et mes ressentis corporels. Mais comme je l’ai laissé vivre, elle ne s’est pas profondément ancrée en moi. Ce qui fait qu’après cette colère extrêmement libératrice, j’ai ressenti énormément de légèreté et j’ai découvert les nuances de la joie : une joie toute simple d’entendre une musique que j’aime, la joie liée à la gourmandise, la joie de partager des moments avec des collègues de travail, etc. Et ainsi de suite. Je ressens bien plus d’émotions qu’avant car chacune exprime enfin ses nuances. Et je me laisse maintenant la liberté d’exprimer et de ressentir tout le panel des émotions. Ainsi je les reçois pleinement et en même temps, je me rends compte que je n’en suis pas esclave. Et ma relation à elles devient bien saine et nourrissante que jusqu’à maintenant. Et cela me permet de me sentir bien plus complète. Avant j’occultais beaucoup, ou du moment empêchais de s’exprimer, les émotions négatives. En les laissant vivre, c’est un peu comme ce qui se passe avec une vague. L’émotion arrive, me prend, je la laisse s’écouler en moi et puis elle reflue en douceur. Recevoir ainsi mes émotions pleinement est une vraie richesse. Et m’amène vraiment à être bienveillante envers moi car la première bienveillante pour nous c’est nous. Aujourd’hui, veille du rendu de mon mémoire, il neige. Et cela me met dans une joie sans limite. J’en aurais mal aux maxillaires de sourire si intensément. Je suis toute à cette joie. Et puis je me rends compte que ce n’est pas la même joie que celle que je ressens quand je m’offre un livre, que je mange un bon plat, etc. C’est une joie naïve, une joie enfantine. Je suis heureuse comme une enfant qui découvre la neige, qui joue avec le bruit de ses pas sur la neige, qui rit de se voir devenir un bonhomme de neige. Et je savoure autant la neige que le sentiment de joie enfantine que je ressens. Je ne m’étais jamais rendue compte que les émotions ont des nuances. On ne donne qu’un mot global mais qui ne rend pas compte des nuances. Et je sais que c’est parce que la sophrologie est entrée dans ma vie que je ressens ces nuances et que je les savoure. Il neige et je me suis vue être une enfant. Sans pensées, sans passé, sans futur. Juste dans l’ici et maintenant. Et c’était merveilleux.
J’ai ainsi découvert qu’avec la sophrologie, l’idée est de devenir chaque jour un peu plus ce que nous sommes avec nos imperfections. L’idée est de tendre vers ce qui est juste pour moi même si je ne choisis pas le positif. Le travail sur les valeurs et les capacités symbolise pour moi vraiment cette notion d’être juste avec nous. Le fait de travailler sur nos valeurs amène un bouleversement. On laisse certaines valeurs, en émerge d’autres. Je me suis ainsi rendue compte que rien n’est créé, tout est là. Les grandes transformations sont en nous-mêmes. C’est souvent le plus difficile car cela s’adresse à nos anciennes peurs, à nos pensées limitantes. Il est difficile d’accueillir le changement. Lors de ma première séance du quatrième degré, j’ai imposé à mon esprit la valeur « Amour » pour l’ensemble des systèmes. Cela a littéralement mis mon corps malade. Au point que je suis partie du module plus tôt tellement je ne me sentais pas bien. Ma corporalité et ma conscience sophronique ne pouvaient plus accepter ce que j’imposais et qui n’était pas juste pour moi. La valeur « Amour » est juste pour moi. Mais quand elle vient par elle-même. Lors du dernier module, pendant une séance RDC4 VI PHI, pour mon premier système est apparue la valeur « voyage », pour le deuxième « trou noir », pour le 6e « arbre ». Pour les deux premières valeurs, en même temps qu’elles apparaissaient, une pensée limitante a fait surface : « mais ce ne sont même pas des valeurs ». Je me comparais et je me limitais à la vision de l’autre et je m’empêchais d’exprimer tous mes possibles à moi, même s’ils sont inhabituels. J’ai malgré tout laissé vivre la manence et la rétro-manence et la VI PHI avec ces valeurs. Puis, quand au sixième système, c’est la valeur « arbre » qui est apparu, j’ai intégré que si « voyage », « trou noir » et « arbre » sont des valeurs que j’ai en moi et qui me symbolisent. C’est assez déstabilisant car inhabituel. Mais lorsque j’accueille, sans jugement et bien je sens au fond de moi cette évidence. Et que tout cela me constitue.
De même, au tout début, finir sur l’activation des trois capacités, cela ne me parlait absolument pas. C’est même mot pour mots ce que j’écrivais dans mes phéno-descriptions. Pourtant aujourd’hui elles me sont indispensables. Le bouleversement s’est fait en douceur, sans même que je m’en rende compte. Mais depuis quelques temps je sens profondément en moi à quel point sont inscrites les capacités d’harmonie, de confiance et d’espoir. C’est difficile pour moi de mettre des mots clairs, mais je les sens résonner très fortement dans ma région phronique quand je suis en séance, et rien que d’y penser, je les sens aussi, comme si elles me confirmaient qu’elles sont là et m’accompagnent partout.
Aller à la découverte de mes valeurs m’offre ainsi des prises de conscience et me permet d’apprendre et de respecter mes besoins et de poser mes limites. Comme je l’ai dit, j’ai accompli une suite de processus qui me transforme. Il m’amène à trouver son curseur et crée des ruptures avec des automatisme. Il y a peu, j’ai refait un pas en arrière. Car apprendre c’est cela aussi. C’est avancer, un pas après l’autre, et puis parfois c’est reculer. Et là le rappel au corps peut être « violent ». J’étais dans mon intellect, je ruminais, j’étais négative envers une personne. Mais j’étais surtout très déconnectée à mon corps, je ne l’écoutais pas, je ne l’entendais pas. Mes ruminations faisaient beaucoup de bruit, prenaient beaucoup la place. Alors, mon corps s’est manifesté en criant. J’ai tapé mon pied contre le pied d’une chaise. J’ai eu très mal. Mais c’est moins la douleur que le rappel. Mes ruminations ont cessé instantanément et de suite je me suis dit : « mais que suis-je en train de faire ? En quoi, ruminer me fait du bien ? » En rien, bien sûr. Et j’aurais écouté mon corps, j’aurai entendu ses chuchotements : mes gestes moins précis et moins présents, mes fourmillements,… tous ces petits riens qui sont pourtant tout et qui m’offre cet ancrage. Et au moment de laisser aller ces ruminations, je me suis sentie bien plus légère. J’ai redécouvert douloureusement ma limite et entendu mes besoins. Il y a vraiment ce sentiment de ce qui est juste : dans corps, mes valeurs, mes émotions, mes sentiments,… Et je remercie cette pandémie. Je n’occulte pas tout son côté négatif. Mais pour moi, elle m’offre une opportunité d’écouter mes besoins, de vivre à mon rythme personnel. Quand je suis fatiguée, je m’octroie une sieste entre midi et deux. Lorsque je suis moins motivée, je fais une pause créative et je reprends mon travail ensuite. Si le sommeil ne vient pas, j’écoute mon corps et je me laisse guider vers ce qu’il a envie (écrire, lire, dessiner,…). Et vivre à son rythme est vraiment une chance et cela me permet de continuer à vraiment poursuivre l’apport de la formation de sophrologie caycédienne. Je continue sur mon chemin de vie. Comprendre et vivre à mon rythme personnel. Pas celui de la société, pas celui qu’on attend de moi, le mien propre. Je me sens plus dans l’acceptation que dans le combat. C’est comme si les choses coulaient parce que j’étais en adéquation avec celle que je suis. Faire différent tout en faisant que ça me corresponde à moi, mes valeurs. Je m’en aperçois aussi dans mon rapport à la nourriture. Poser des limites, dire non, c’était rarement envisageable. Alors que souvent, je comblais et cela était douloureux et ne me satisfaisait pas du tout. Or maintenant, je dis non, sans même y réfléchir parce que c’est juste pour moi. Même quand je suis dans une émotion qui me demande quelque chose de doudou. Au lieu d’aller vers la nourriture qui finalement me rendait plus malade que ne me faisait pas du bien, je choisis une nourriture qui me nourrit vraiment et je vais plutôt faire une activité, mettre une musique qui comblera mon besoin de « doudou ». Et vraiment, je sens à quel point poser des limites, d’abord à moi-même, me fait du bien et me permet de m’exprimer complètement. Et ainsi, je pose mes limites face aux autres. Quand cela ne me convient pas, je l’exprime. Je ne m’en rends pas forcément compte. C’est ma meilleure amie qui me l’a confirmé il y a peu. Au détour d’une conversation, elle m’a fait remarquer à quel point ce que je disais changeait d’habituellement et qu’on sentait vraiment que je posais mes limites, que j’exprimais clairement ce que je veux et surtout ce que je ne veux pas ou plus.
C’est ainsi que la première confirmation de mon évolution a vraiment été dans le regard de l’autre. Certes la sophrologie me permet d’arrêter de m’excuser : d’être exubérante, indépendante,… mais je n’avais pas forcément perçu à quel point cela pouvait se voir juste dans le mouvement de mon corps. Sans même amener les mots. Mon ostéopathe a été le premier à m’en faire prendre conscience. Je le vois régulièrement, nous nous connaissons très bien. Pourtant, il me sent plus posée, plus sereine et plus connectée à mon corps. Beaucoup plus dans le lâcher-prise et beaucoup moins dans le contrôle. Lors d’une séance fin 2020, au début de la séance, il me demande de prendre trois respirations. Et de suite il a senti mon mental s’apaiser et moi m’ancrer dans mon corps, dans le ici et maintenant. Du coup, la séance a été très différente de d’habitude. Bien plus en douceur et je me suis sentie plus en dialogue avec mon corps et en réception du travail de mon ostéopathe. La seconde confirmation est venue de ma thérapeute. La séance se fait pourtant en visio et le langage du corps y est moins évident. A un moment, elle arrête les échanges, me regarde et me demande si j’ai changé quelque chose dans mon corps. Je n’ai pourtant rien changé. Donc au début je ne comprends pas sa question. Elle insiste, et me dit que vraiment c’est flagrant le changement. Alors, je m’arrête et j’écoute ce que mon corps me dit. Et je lui confirme que je me sens à la fois plus ancrée et à la fois plus légère. Je suis moi-même dans ma globalité. Je suis juste rempli de moi. Et pour elle, cela se voit et se ressent. Et j’en éprouve un vrai bonheur de l’entendre formulé. Cette bulle de bien-être que nous découvrons et que nous abordons lors de la formation, au fur et à mesure, nous l’intégrons vraiment en nous. Nous avons fait l’expérience du possible, nous devenons conscient que c’est en nous, que des actes différents se posent (il suffit d’une fois mais cela prouve que c’est possible). Le retour en arrière devient impossible. Je ne souhaite pas revenir en arrière mais continuer à être encore plus moi, à exprimer encore plus celle que je suis et à vivre toutes mes possibilités. Ma conscience sophronique me permet vraiment d’accepter qui je suis, mes émotions, mes sentiments, mon corps, mes potentiels exprimés ou qui n’attendent que cela. Et l’idée n’est pas de faire un retour en arrière. Mais de poursuivre dans cette voix/voie. Je sais que ce qui se passe dépend de moi. Ce qui sera positif se fera parce que j’ai du positif en moi. Et ainsi je me connecte avec la simplicité des choses.
Wouaou! Vous vous appropriez vraiment le travail de manière pleinement intégrée et profitable! Vous semblez être également très bien accompagnée sur un plan pédagogique dans cette formation. Cela me conduit à comprendre aujourd’hui la rencontre intime et profonde que j’ai vécu avec mon amie sophrologue rencontrée au sortir de sa formation,
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