Tiraillée

Je suis très heureuse.

Déjà, j’aime l’appartement où je vis. Je m’y sens bien. J’y ai créé un cocon à mon image. Beaucoup de personne ont eu des difficultés pendant le confinement car ils ont dû rester chez eux et cela leur était inhabituel. Pour moi, cela a été un moment des plus bénéfiques. J’étais dans mon cocon où je suis à ma place, où l’énergie qui y circule est une énergie en harmonie avec moi, où je peux être juste moi, vivre mes émotions, mes envies, vivre à mon rythme également. Et pour moi, c’est une vraie chance, un vrai luxe.

Je suis également heureuse car justement j’ai appris à vivre mes émotions, tout le panel de mes émotions. Jusque là, ce n’était pas le cas. Je ne vivais qu’une partie de mes émotions. Mais avec ma formation de sophrologie, j’ai découvert la pluralité de mes émotions, tout ce qu’elles peuvent m’apporter. Je ne les combats plus, je les laisse s’exprimer, vivre en moi et découvrir ce qu’elles pouvaient m’apporter. Et cette découverte me permet de me sentir entière.

Je suis également heureuse car je me sens apaisée. Apaisée car je comprends mieux celle que je suis. La thérapie que j’ai entamé à mes 25 ans prend pleinement place aujourd’hui dans ma vie. Je me rends compte aujourd’hui que j’ai intellectualisé ma thérapie. Cette thérapie était comme des problèmes mathématiques à résoudre. Aujourd’hui (grâce au temps car je pense qu’il faut du temps pour laisser l’esprit s’apaiser et laisser les changements s’opérer ; et à la sophrologie), je me suis aperçue que je n’avais pas conscientisée, intégrée ma thérapie. Or, aujourd’hui, c’est bien le cas. Tout ce travail entamé porte aujourd’hui ses fruits. Et cela me libère.

Je suis heureuse car j’ai conscience de mes défauts tout en les mettant à leur juste place. Je suis indépendante (autonome est une qualité, indépendante est son « pendant » défaut), solitaire, paresseuse, hautaine parfois, colérique (une tendance à la colère, rapide mais qui tombe aussi comme un soufflé), intense, je manque de confiance (en moi surtout), violente dans mon rapport à mon corps, jalouse parfois, avec une peur de l’abandon (par conséquent, je ne me laisse jamais vraiment allée. Sauf avec mes amies). Mais j’ai maintenant aussi conscience de mes qualités et je les assume. Je suis généreuse, je juge peu (il m’en faut beaucoup pour être choquée et jusqu’à aujourd’hui, je ne l’ai pas été), j’ai une excellente écoute, je suis souriante et optimiste, je suis courageuse (je n’ai pas peur de me bousculer, de sortir (parfois ^^) de ma zone de confort), bienveillante, honnête, entière, je comprends vite, je suis intuitive. Je suis une amoureuse. Et j’apprends aussi à m’aimer.

Mais malgré tout cela, malgré que je sois profondément heureuse, mon lit est bien froid quand je me couche, mon appartement est bien silencieux, ma présence bien encombrante. Je me sens seule. Tellement seule. Ma solitude, mon indépendance sont parfois pesantes. La tendresse, le partage, les rires, les regards… La possibilité de me laisser aller. Laisser quelqu’un s’occuper de moi (de temps en temps. Je suis également consciente que si c’était sept jours sur sept, vingt quatre heures sur vingt quatre, je ne le supporterais pas). Tout cela, je ne l’ai pas. Pas spécialement par choix. Je me rends compte que pour les autres, ma personnalité gémeaux est déstabilisante, voire même incompréhensible. Je suis indépendante, mais je rêve d’un preux chevalier qui arriverait sur son cheval blanc. Et qui serait pourtant capable de comprendre quand j’ai besoin d’être seule, sans en prendre ombrage. Une personne capable de m’offrir des fleurs, un dîner aux chandelles… tout en prenant le temps de me séduire, de m’apprivoiser. Qui apprécierait ma liberté de tons, ma curiosité même dans le sexe. Sans vouloir de suite coucher avec moi et ne se limiter qu’à cette énergie sexuelle que je dégage, un peu malgré moi.

Je n’ai jamais été en couple. Certes je suis tombée amoureuse à 16 ans et nous avons vécu notre relation de nos 18 à nos 21 ans. Mais, nous étions jeunes, dépendants de nos parents, sans vraiment beaucoup d’argent. Nous nous voyons chez ses parents ou les miens. Nous ne sommes jamais partis en vacances que tous les deux. La seule fois où nous sommes partis en vacances, c’était avec sa famille à lui. Alors, le couple, construire à deux, apprendre l’un de l’autre dans notre vie d’adulte, avec la difficulté du rythme métro-boulot-dodo, nos expériences passées, nos habitudes, nos envies, ce qu’on ne peut accepter, etc, tout cela je ne connais pas. Et cela a forcément un attrait pour moi qui ne l’ai jamais vécu. Cela m’amènerait à sortir de ma zone de confort. Et cela me permettrait aussi de m’apaiser car mon besoin d’amour, de contacts physiques (c’est un trou béant en moi cette absence de contacts), m’offriraient un contentement dont je sens avoir cruellement besoin. Oh j’ai bien conscience que cela serait compliqué, déstabilisant. Cela fait presque 15 ans que je n’ai pas aimé, que je me suis construite, que j’ai créé ma vie. Amener une tierce personne, ça aurait un peu cet effet du coup de pied dans la fourmilière.

Mais j’aimerais vivre cette aventure, j’aimerais être déstabilisée, j’aimerais sortir de ma zone de confort. Cela m’apporterait beaucoup, m’apprendrait beaucoup sur moi, sur mon rapport avec l’autre, ma capacité à construire avec l’autre.

Et c’est en cela que je suis tiraillée. Je suis heureuse, pleinement satisfaite de ma vie. Et pourtant, je souffre de cette absence de l’Autre dans ma vie. D’un Autre tangible, j’entends.

2021 m’apporte beaucoup de surprises. Que je provoque par une décision. A moi de réfléchir à cette décision qui pourrait changer la dynamique de ma vie. Dans tous les cas, l’envie est là. Et c’est un premier pas pour sortir de ma vie de confort.

4 Replies to “Tiraillée”

  1. J’aime beaucoup votre sensibilité, j’aime davantage encore et tout autant votre féminité, votre « Féminin » et son absolu… C’est essentiellement ce que l’ont reçoit de ce que vous exprimez…
    Vous faites part de votre souhait de vivre cette aventure.

    Oui, et au regard de ce que vous présentez de votre mode de fonctionnement et de votre vie, il est exact qu’il y a beaucoup à défaire, beaucoup à dénouer pour vous permettre de vivre telle aventure. Vous identifiez parfaitement les dimensions qui sont mises en oeuvre dans et par ce type d’aventure, et vous semblez plutôt observer que faire le premier pas et vous engager, agir, passer à l’acte… Ce n’est pas faute d’y avoir été conviée, n’est ce pas!
    Ce type d’aventure est une Liberté, ce type d’aventure est libératoire et ce type d’aventure libère l’ensemble et l’entièreté de nos énergies et met en oeuvre l’ensemble de nos ressources et de notre Mémoire profonde.., Lorsque les émotions liées à cette Mémoire profonde émergent, c’est à un volcan que l’on a à faire… et tout est transcendé par l’Ingrédient unificateur : l’Amour

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    1. Je suis toujours surprise de découvrir ce que mes mots laissent voir. C’est à la fois agréable et aussi déstabilisant, d’être ainsi mise à nue. Même si cela est de mon fait.
      Je ne pense pas qu’il y ait tant à défaire, à dénouer. Je pense que le travail a été déjà fait en amont. Et vous avez raison, je pense aussi sincèrement que ce qu’il y a à faire, du moins, ce que moi je peux faire, c’est un pas. Et bien sûr, il y a la rencontre. Mais pour ce dernier point, cela est indépendant de ma volonté.
      Pour autant, je n’ai à aucun moment été conviée à un quelconque pas à franchir. En effet, ici je parle de rencontres purement « en présence ». En aucun cas, de rencontres virtuelles. De mon expérience, ce qui commence en virtuel n’arrive pas à se concrétiser dans la réalité. Il y a trop de projections qui court-circuitent la concrétisation. De ce que j’ai pu vivre, il y a toujours eu un gouffre entre la réelle connexion qui se créait dans la relation virtuelle et sa concrétisation.

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      1. Il s’agit donc d’une appréhension et de projections… concernant le premier pas (cf. Le « Gouffre »)
        Rien d’étonnant dans ce lapsus… et rien d’un acte manqué dans cette expression spontanée, qui parle d’elle-même,

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      2. Nous ne comprenons mes mots de la même manière. Ici pas de lapsus, ni d’acte manqué.
        Le gouffre concerne ce que j’ai pu constater : entre l’échange virtuel (mail, messagerie instantanée ou même appel) et la rencontre réelle, il y a un décalage. Attention, je parle de mon expérience. J’ai vécu des connexions très fortes en virtuel qui n’ont eu aucune concrétisation dans le réel.
        Et puis nous projetons forcément lors d’une rencontre, virtuelle ou non. Mais dans les rencontres en présence, ce qu’on appelle communément « le feeling » rajoute une dimension concrète à la rencontre et acte aussi la volonté de poursuivre.
        Et dans mon expérience, je me retrouvais avec deux personnalités très différentes entre le virtuel et la concrétisation dans le réel.

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